Le jargon peut exclure sans qu’on s’en rende compte. Il freine l’inclusion, la compréhension et la confiance, autant pour ton équipe que pour ta clientèle. Et si tu choisissais la clarté ? Je t’explique pourquoi c’est un vrai levier d’inclusion et d’efficacité.
Erratum : désolée pour celles et ceux qui reçoivent ce numéro deux fois.
Petit raté de ma part : il manquait le début de l’intro.
Pas très clair, justement… alors que je te parle de jargon et de communication !
Quand j’ai eu mon diplôme de documentaliste en 2000 au Havre, j’ai trouvé un emploi trois mois plus tard à Paris. Dans le spectacle vivant.
Je ne savais même pas ce que ça voulait dire.
Je disais : « Je vais au théâtre », « Je vais en concert », ou encore « j’ai vu le spectacle de danse de… C’était génial ».
J’ai même fait une blague pourrie à mes proches : « Aha, parce qu’il y a des spectacles morts ? »
Même si j’ai été très bien accueillie dans cet organisme, j’étais étourdie par tous les sigles qui volaient à chaque prise de parole.
Je n’osais pas forcément demander chaque fois. Je cherchais par moi-même.
Façon de s’exprimer propre à un groupe, une profession, une activité, difficilement compréhensible pour le profane.
Le Robert.
Le jargon exclut les personnes qui ne font pas partie de ton groupe.
Pourquoi t’exprimes-tu en termes trop techniques ou en sigle ?
Pour :
montrer que tu sais ?
parader ?
gagner du temps ?
te rassurer ?
faire plus professionnel ?
Tu n’en as peut-être pas conscience de tout ça. Et tu n’es pas seul•e. On le fait toutes et tous.
Imagine : une recrue arrive dans ton équipe. À la première réunion, tu balances des sigles, des mots anglais, sans les expliciter.
Penses-tu que tout le monde connait les mots qui se cachent derrière « CSE » ? Je peux t’assurer que non.
Alors, pourquoi ne pas dire « conseil économique et social » ? Et expliquer sa signification, brièvement.
Par exemple :
« Nous nous sommes réuni•es avec le CSE, c’est-à-dire le Conseil économique et social qui est l’instance qui représente le personnel au sein de l’entreprise. Nous avons décidé que… »
Ça prendra 10 secondes de plus dans la réunion. Mais tout le monde comprendra. C’est bien le but, non ?
Nicolas Framont en parle dans son dernier livre dans son chapitre sur les syndicats de personnes salariées. C’est un lieu où l’échange est empêché alors qu’il devrait être encouragé. Cela ne concerne pas uniquement les syndicats, d’ailleurs, mais le monde de l’entreprise et des associations au complet.
La jargonite use des acronymes pour marquer une distance : la distance entre l’habitué•e, le ou la sachant•e, cellui qui est rompu•e à la complexité des institutions syndicales, et le ou la non-sachant•e, dont on attend qu’iel ressente un peu sa condition, et, pourquoi pas, du respect envers celui ou celle qui lui fait face
Nicolas Framont, Vous ne détestez pas le lundi, vous détestez la domination au travail
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L’insécurité linguistique c’est quand on n’ose pas poser une question, qu’on doute de sa place ou de sa légitimité.
Combien de fois, me suis-je sentie complètement larguée par tout ce qui se disait :
en réunion de travail ou ailleurs ;
lors de formation.
Mais je ne me permettais pas de comprendre au moment clé. C’est-à-dire que je n’osais pas interrompre la réunion. J’avais peur de poser des questions bêtes. Alors qu’en vrai, ces questions devraient être anticipées par les animateurs et animatrices de réunions, d’ateliers, etc.
Les conséquences ? Comme je faisais mes recherches après coup, je prenais très peu la parole. Je ne donnais pas mon avis.
Je me sentais idiote de ne pas savoir. Je n’étais pas du tout du milieu du spectacle.
Pourtant, avec ma mère, on était abonnées au Volcan, la scène nationale du Havre. On allait souvent au théâtre. J’ai eu cette chance-là.
Nous, on disait : « on va au théâtre ou au Volcan ». Pas « on va à la scène nationale ».
Une scène nationale, c’est un théâtre pluridisciplinaire subventionné par l’État et les collectivités locales. On peut y voir de la danse, des spectacles de musique aussi.
Perte de sens, difficulté à s’exprimer, peur du ridicule et donc, baisse de l’implication.
Risque de malentendus, de désengagement.
Répercussions pour les recrues, les personnes en reconversion, les individus issus d’autres milieux ou territoires.
Alors, mets en place un glossaire interne, vivant et collaboratif.
Je t’en avais déjà parlé dans un autre numéro. On en avait mis un en place avec mon chef et mes collègues pour l’équipe et les personnes adhérentes.
Comme le propose Nicolas Framont — dans son livre que je te conseille très fort —, tu peux désigner une personne référente en réunion, chargée d’accueillir les participant·es et d’expliciter les termes techniques. Tu crées un cadre d’échange plus ouvert, plus convivial.
Et ce que je te dis là pour l’oral vaut aussi pour l’écrit.
Ta newsletter, ton site web, ton rapport d’activité : ce sont autant d’occasions d’être clair·e, inclusif·ve, lisible.
→ Contacte-moi si tu veux que je relise et reformule tes textes pour qu’ils soient compris par tout le monde
Une cliente qui ne comprend pas ton activité n’achètera pas ou elle le fera à contrecœur. Pas sure qu’elle revienne.
Le jargon, surtout institutionnel ou technocratique, crée de la méfiance ou du désintérêt.
La clarté, c’est de l’accessibilité. Et l’accessibilité, c’est un acte commercial et politique.
Politique parce que tu t’engages à quelque chose de réel pour changer les choses.
Si ton entreprise affiche « inclusion » parmi ses valeurs, mais que ton discours est incompréhensible, tu exclus.
Tu peux offrir dans tes écrits :
des exemples concrets et imagés pour expliquer les mots ;
plusieurs niveaux de lecture avec des titres clairs, une introduction accessible, du contenu plus technique pour montrer que tu connais ton métier.
Connaitre son métier c’est savoir l’expliquer et le faire comprendre à un enfant de 10 ans, sans prendre de haut.
C’est un acte d’inclusion et d’humilité.
Relis ton dernier post, ton dernier mail, ta newsletter. Tu pourrais les rendre plus accessibles ?
Souvent, un regard externe permet de voir où le texte est trop technique. Je t’aide à clarifier ta communication interne et externe. Je t’offre un appel de 30 minutes pour en discuter.
À bientôt,
Béatrice
Rédactrice inclusive.
J’aide les indépendant•es à attirer plus de clientes et clients en ligne grâce au référencement naturel et à l’écriture inclusive.